Souvent réduit au totem des congés payés en 1936, Léon Blum occupe une place assez modeste dans la mémoire collective française. Or, c’est méconnaître son rôle politique majeur dans la France du XXe siècle et c’est ignorer l’intensité de son destin hors du commun. Une vie extraordinaire, à la fois tragique et sublime : une vie héroïque. L’apôtre du socialisme et le disciple de Jaurès fut d’abord un dandy parisien, juif, critique littéraire le plus remarqué de son temps, ami d’André Gide et de Marcel Proust, un esthète de la Belle Époque profondément marqué par l’Affaire Dreyfus. Une fois entré dans l’arène politique, au sortir de la Première Guerre mondiale, il fut haï autant qu’adoré. Adulé par les ouvriers, redouté par le patronat, insulté et menacé de mort par les antisémites tout au long de sa vie, Léon Blum fut au carrefour des fractures de la société française de l’entre-deux-guerres. Devenu l’ennemi de Philippe Pétain après la défaite de 1940, il fut déporté à Buchenwald. Rescapé de la Shoah mais refusant d’accabler la nation allemande, son parcours demeure un antidote aux violences, à la bêtise et aux faillites morales qui parfois s’emparent d’un peuple qui a peur.